USA VERSUS EUROPE, VALUE VERSUS CROISSANCE, SMALL VERSUS LARGE: OU INVESTIR EN EUROPE ?
USA Vs Europe
L’année 2018 est atypique avec des marchés marqués par un élément conjoncturel (la surperformance des Etats-Unis) et un élément structurel (la normalisation peu avancée compte-tenu de la phase du cycle).
Il y avait donc cette année très peu d’endroits où investir : il fallait être sur les Etats-Unis et il ne fallait pas couvrir le risque de change. Un positionnement qui nécessitait une vision sur le taux de change, mais ce marché des devises est l’un des plus complexes à appréhender.
Or cette année, la partie obligataire ne permet pas de compenser suffisamment les pertes en actions dans les portefeuilles. Certains gérants ont ainsi été obligés de se réfugier sur le cash et ils n’ont dans ces moments là quasiment aucune emprise sur le marché.
De fait, « l’Europe est à prix cassé » considère Igor de Maack, Porte-Parole de la gestion chez DNCA. Ce dernier anticipe donc une normalisation par rapport aux Etats-Unis. Car malgré une baisse depuis le début de l’année, le CAC 40 reste un des meilleurs indices européens. Mais la performance du principal indice français qui a été tirée par seulement quelques valeurs, notamment sur le secteur du luxe.
En 2018, il fallait finalement mieux ne pas être trop éloigné des indices pour espérer performer. Mais les gérants espèrent que l’année 2019 sera (enfin) celle des stock-pickers
Value Vs Croissance
Depuis 10 ans, le style Croissance (repérer les sociétés avec un fort potentiel de progression de leur activité) surperforme le style Value (investir sur les valeurs estimées comme étant sous-cotées et donc délaissées par le marché). « J’ai été élevé au biberon Value par Jean-Charles [Mériaux] » confie Igor de Maack de DNCA. Selon lui, il y a un moment où les forces de rappel jouent : « plus les performances sont bonnes, plus les corrections sont violentes » prévient-il.
Mais pour certaines maisons typées Croissance, comment se préparer à une éventuelle rotation de style ? La société Comgest, spécialiste de ce type de gestion, se positionne comme étant de « Croissance pragmatique » en n’allant pas toujours chercher une Croissance de l’ordre de 20%. « Pour caricaturer, on est passé de Croissance agressive à Croissance défensive » illustre Laure Negiar, Gérante actions au sein de la société qui consacre la résilience des titres comme étant le maître-mot. « On peut chercher un peu moins de Croissance et des valorisations plus raisonnables, mais on ne transigera jamais sur la qualité des business models » promet-elle.
D’autres maisons n’ont pas de style particulier et fonctionnent davantage à l’opportunisme. « Ce sont les opportunités qui font notre style » commente Thierry Dupont, Associé chez BDL CM. La société n’est pas structurellement Value mais conjoncturellement Value en raison du contexte actuel.
Small Vs Large
Les valeurs small cap (petites capitalisations) ont enfoncé des niveaux assez bas avec une dynamique de flux un peu plus complexe après plusieurs années de performances à 2 chiffres sur la classe d’actifs. Faut-il espérer un rebond ? Un tel recul peut-il offrir des points d’entrée intéressants ?
« Je suis plutôt un investisseur compulsif actions. Et c’est quand même dans les phases de baisse que l’on trouve les opportunités de demain. Mais il faudrait un environnement économique plus dynamique » indique néanmoins Igor de Maack de DNCA. Le gérant repère un probable point d’entrée l’année prochaine en raison de la bonne qualité du vivier français. Ces sociétés sont plus domestiques donc moins impactées par la macroéconomie et notamment la guerre commerciale.
Mais plus la classe d’actifs est petite, plus la liquidité devient un élément sensible. « Cette notion de liquidité est capitale. On a donc tendance à éviter les petites et moyennes capitalisations » tranche Thierry Dupont de BDL CM.
« On ne dit pas qu’il n’y a pas d’opportunités mais on pense qu’il y en a de meilleures ailleurs » nuance Laure Negiar de Comgest qui admet avoir trouvé des moyennes capitalisations intéressantes… sur le marché japonais !
D’autres stratégies d’investissement pour 2019 ?
En cette fin d’année, avec la période d’annonce de résultats derrière nous, les gérants considèrent qu’il vaut mieux gérer le risque de passif. « Ce qu’il faut dire à vos clients est d’avoir les portefeuilles les plus liquides possibles » recommande Igor de Maack de DNCA qui suggère cependant de ne pas tout miser sur l’immobilier, en risque au prochain reserrement monétaire.
Pour BDL, l’approche long-short retrouve du sens et offrira des opportunités. « Depuis fin octobre, l’alpha sur la poche short de notre fonds BDL Rempart Europe est redevenue positive. Elle joue à nouveau son rôle » précise Thierry Dupont.
Enfin, après une année difficile et malgré une situation politique et économique parfois instables, les sociétés de gestion attendent un retour des marchés émergents compte-tenu de l’absence de corrélation entre la croissance du PIB et le bénéfice des sociétés au sein d’un pays. « Il y aura des opportunités sur ce marché mais on recommande un peu de patience. Pour ceux qui en ont, surtout ne vendez pas maintenant » suggère Laure Negiar. Cette dernière reconnaît malgré tout un certain pessimisme sur le marché actions : « On n’est pas sereins, et si nos clients réduisent la voilure on n’a pas de problème…»