PLACEMENTS: COMMENT RÉAGIR AU RISQUE DE CRISE FINANCIÈRE ?

Brexit, fragilités de l’Italie… les raisons de s’inquiéter d’une chute des marchés semblent nombreuses. Gare aux erreurs.

« Êtes-vous prêt pour la crise financière de 2019 ? » La question posée par le New York Times le 10 décembre dernier laisse peu de place au doute. La chute des marchés boursiers depuis l’été a servi de piqûre de rappel. Au plus bas la veille de Noël, l’indice CAC 40 de la Bourse de Paris plongeait de 18 % par rapport à son pic du mois de mai, tandis qu’à Wall Street, avec 9 % de baisse sur le dernier mois de l’année, l’indice S&P 500 des valeurs américaines vivait son pire mois de décembre depuis 1931. Doit-on pour autant craindre un krach comme en 2008 ?

On a connu depuis bien d’autres trous d’air vertigineux. De février à août 2011, lors de la crise de l’euro, le CAC 40 a perdu 31 %. D’avril 2015 à février 2016, il a encore replongé de 26 % avec la chute du pétrole.

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Brexit, bulle du crédit américain, hausse des taux d’intérêt de la Réserve fédérale, ralentissement économique en Chine, fragilités de l’Italie, pour n’en citer que quelques-unes, les raisons de s’inquiéter sont nombreuses. Les professionnels en tiennent d’ailleurs compte dans leurs anticipations pour 2019. Pour la société de gestion CPR AM, dans le pire des cas – une croissance mondiale insatisfaisante, un hard Brexit… -, les marchés boursiers pourraient perdre de 7 à 10 % en moyenne sur l’ensemble de l’année 2019, résume Laetitia Baldeschi, responsable des études et de la stratégie.

Gare aux arnaques

Si les prévisions nuancées de ce type peuvent aider à identifier les risques, les prédictions catastrophiques qui se déchaînent sur Internet, loin de rendre service aux épargnants, font le miel des conseillers douteux, voire des escrocs aux bitcoins et autres placements bidon. En saisissant « mon argent est-il en sécurité à la banque ? » dans un moteur de recherche, on tombe ainsi d’emblée sur un site financier répondant par la négative. Après un discours « pseudo-savant » sur l’écroulement des banques, on y lit : « Le risque est simple, tout perdre », suivi des conseils : « Fuyez les actions, les fonds en euros, les dettes, les SCPI, les liquidités en banque, les plans épargne logement (PEL)comptes épargne logement (CEL) et autres »… Le but ? Harponner les clients vers des placements comme l’or, l’immobilier à « haut rendement », les devises sur des comptes à l’étranger prétendument plus sûrs… dont l’histoire a montré qu’ils ne protégeaient en rien des catastrophes, surtout quand elles n’arrivaient pas.

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Problème : fuir la Bourse quand la panique se répand est souvent la meilleure façon de perdre son argent. On peut se prémunir contre les chutes, mais à condition de vendre avant, et pas après. On peut aussi « jouer à la baisse », avec des produits techniques comme les fonds « bear » (« ours », en anglais). Le principe est relativement simple. Leur performance est l’inverse de celle du CAC 40. Ils gagnent de l’argent quand la Bourse recule. Ils ont ainsi pris près de 20 % en moyenne en 2018, selon la base de données Quantalys. A contrario, ils en perdent lorsqu’elle reprend des couleurs… Et affichent moins 11 % en janvier 2019.

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Entre son creux la veille de Noël (à 4 622 points le 24 décembre) et sa remontée le 1er février (à 5 023 points), le CAC 40 a en effet déjà regagné près de 9 %, le score d’une année de hausse ordinaire en six semaines !